Communiqué « Convergence »
4 mars 2022Lettre des psychologues aux médecins généralistes
5 mars 2022Réponse du M3P au rapport de l’Académie Nationale de Médecine du 18 janvier 2022
L’Académie Nationale de Médecine a tenu séance le 18 Janvier dernier et a rendu ce rapport intitulé : « Psychothérapies : une nécessaire organisation de l’offre. »
Un rapport qui, malgré les grandes précautions de langage et les efforts de nuances apparents de ses auteurs, repose malheureusement sur des assises idéologiques clivantes et une certaine vision des psychothérapies, masquant mal le souhait de la disparition de certaines approches théorico cliniques au profit de l’exclusivité d’un nombre restreint d’entre elles.
Sous couvert de penser la lisibilité de l’offre de soin, il est de façon navrante question de proposer un rabougrissement de la pluralité et de la diversité des approches en psychothérapie. Cette dernière n’est plus vue comme une configuration de la rencontre d’un psychothérapeute et d’un patient en situation de souffrance psychique mais uniquement comme un outil de traitement pour corriger les dysfonctionnements psycho-comportementaux.
On notera au passage la disparition du mot patient au profit de celui de client. C’est oublier qu’au-delà des méta analyses qui viennent valider l’efficacité des psychothérapies psychanalytiques/psychodynamiques, des TCC et des approches systémiques, c’est bien la capacité du thérapeute à s’accorder au plus près des difficultés et des ressources propres du patient qui fonde cette efficacité. Comment alors aborder un objet aussi complexe que le psychisme humain en restreignant la pluralité des clefs de lecture, souvent complémentaires, qui organisent les prises en charge de la souffrance psychique ?
C’est une pierre supplémentaire à l’édifice d’une expropriation des psychothérapies de leur champs de recherche initiale, celui de la psychologie et donc des sciences humaines et sociales. C’est un processus qui suit de près celui de la paramédicalisation attendue des psychologues en France, et la remise en question d’un encadrement de la formation par l’institution universitaire au profit d’une validation supplémentaire par le corps médical avec le projet d’une sixième année d’internat pour adouber les psychologues psychothérapeutes.
C’est oublier que lorsqu’ils se respectent dans leurs champs de compétence et de pratique respectifs, les psychologues et les médecins travaillent déjà très bien en complémentarité. C’est oublier que la pénurie de médecins généralistes et de médecins psychiatres ne saurait se régler par le mentorat des psychologues par ces derniers mais bel et bien par un renforcement des moyens pour les structures existantes, CMP et CATTP notamment.
C’est oublier également cette spécificité bien française, celle de l’autonomie des psychologues vis-à-vis du corps médical, autonomie constitutive de leur statut et de l’histoire de la psychologie en France, rattachant le psychologue par sa formation non pas au ministère des Solidarités et de la Santé mais bien au ministère de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur.
C’est pourtant bien le mouvement en marche et il semble plus que jamais important que les psychologues cliniciens et les psychologues psychothérapeutes s’emparent de ces débats dans une convergence des reconnaissances et des luttes.Lionel Camalet, Psychologue clinicien et Psychothérapeute, Membre du #manifestepsy et Co dirigeant du M3P
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