
Chronique du 4 novembre 2025
4 novembre 2025
COMMUNIQUÉ du 16 novembre 2025
La pluralité des approches psychothérapeutiques n’est pas négociable
PLFSS 2026 – Amendement 159 du 14 novembre 2025
L’association M3P – Mouvement des Psychologues cliniciens et Psychologues Psychothérapeutes exprime sa profonde inquiétude face à l’amendement n°159 du PLFSS 2026, adopté en commission au Sénat et prochainement débattu en séance. Cet amendement propose d’interdire tout financement public des prises en charge reposant sur des approches psychanalytiques, à compter du 1er janvier 2026, et ce quel que soit le dispositif de financement: en CMP et au sein du dispositif Mon Soutien Psy notamment.
Une telle mesure menace un pilier essentiel de notre système de santé : la pluralité des pratiques psychothérapeutiques, condition première d’un soin ajusté aux besoins singuliers des patients.
Un amendement idéologique et déconnecté des réalités du terrain
Les attaques contre la diversité des approches psychothérapeutiques ne datent pas d’hier : les déclarations de la HAS évoquant la possibilité de rendre opposables certaines recommandations, les dérives observées depuis la mise en place de Mon Soutien Psy, les discours récurrents visant à standardiser le soin psychique selon des critères gestionnaires et plus largement les logiques d’austérité de plus en plus agressives appliquées aux institutions publiques et agissant une violence institutionnelle et symbolique sur les acteurs de terrain.
L’amendement 159 s’inscrit dans cette même logique au détriment de la doctrine de la « démocratie sanitaire » pourtant prôné par les pouvoirs publics
- Rédigé sans concertation avec les organisations professionnelles.
- Fondé sur une vision normative et protocolaire du soin psychique.
- Justifié par la mise en avant des contraintes budgétaires pour justifier des choix politiques appliqués avec brutalité sur un champs de la santé déjà particulièrement précarisé.
La littérature internationale est explicite : Plusieurs modèles psychothérapeutiques sont efficaces
Les études internationales convergent : plusieurs approches, parmi lesquelles les psychothérapies psychanalytiques/psychodynamiques, systémiques, humanistes, TCC notamment, produisent des bénéfices identifiés, durables, en fonction des besoins spécifiques des patients.
Les méta-analyses montrent que l’efficacité thérapeutique dépend en grande partie de facteurs communs tels que : l’alliance thérapeutique, la sécurité relationnelle, la confiance et l’espoir de changement, la symbolisation et la mise en sens, les ressources personnelles et contextuelles des patients, les compétences relationnelles du clinicien.
Ses études ne légitiment pas une psychothérapie d’État ni l’exclusion de pratiques ayant éprouvé leur validité empirique et scientifique: elle soutient la diversité des pratiques cliniques. La volonté affichée de protéger le public de patients concernés par les TND en restreignant l’accès et le remboursement à une seule approche spécifique enferme les patients dans une lecture uniquement symptomatologique de leur trouble négligeant la diversité des situations cliniques pour un même trouble.
Vers une réduction normative du soin psychique ?
En limitant le remboursement aux seuls modèles validés selon une définition restreinte de la preuve, cet amendement expose à un risque majeur : réduire le soin psychique à un protocole unique, alors que le psychisme humain nécessite des chemins multiples pour se dire, se penser et se transformer.
Les conséquences possibles sont connues :
- appauvrissement théorico-clinique,
- diminution des options thérapeutiques pour les patients et des outils de soin pour les professionnels,
- impasses dans les situations complexes,
- perte d’innovation et de créativité clinique,
- inégalités accrues entre soins publics et libéraux,
- stigmatisation d’une partie des professionnels et des patients.
La pluralité des pratiques : une condition de la démocratie sanitaire
La diversité des approches thérapeutiques n’est pas un luxe épistémologique : elle constitue une garantie éthique, scientifique et démocratique.
Elle permet :
- la liberté de choix des patients,
- la responsabilité clinique des professionnels,
- l’adéquation aux singularités psychiques,
- la recherche et l’innovation thérapeutique,
- la continuité entre les soins institutionnels et libéraux.
Le M3P demande le retrait immédiat de l’amendement 159
Nous demandons :
• le retrait immédiat de cet amendement,
• l’ouverture d’un groupe de travail pluraliste et interdisciplinaire,
• l’association des psychologues, psychiatres, chercheurs, usagers et institutions,
• une politique de santé mentale fondée sur la pluralité, la responsabilité et la confiance dans les professionnels.
Cet amendement ne garantit ni la rigueur scientifique ni l’efficience économique.
Il constitue au contraire :
• une atteinte à la liberté de choix des patients,
• une ingérence technocratique dans les pratiques cliniques,
• un affaiblissement de la diversité thérapeutique,
• et un précédent dangereux pour l’avenir des soins psychiques en France.
L’association M3P appelle l’ensemble des professionnels, usagers, élus et chercheurs à se mobiliser pour défendre un principe fondamental de la démocratie sanitaire en santé mentale :
La pluralité des approches pour répondre à la pluralité des souffrances.
Lien vers la pétition : https://c.org/msgxrq5rDd
